NB : "Last chance to see" est un véritable ovni dans la carrière de Douglas. Même si nous reconnaissons son style et son humour, nous découvrons un auteur mature, à l'aise avec la non fiction, et passionné par la zoologie. Il voulait faire davantage de travail plus sérieux, un livre sur l'athéisme, une autre question qui le passionnait.
MJS : "Last chance to see" est certainement le meilleur livre de Douglas. Tous ses autres livres ont des passages brillants et d'autres moins. Mais "Last chance" est parfait. C'est facile à lire, passionnant, très instructif, et porte sur un sujet très sérieux. Conclusion : personne ne l'a acheté. Bon, ça s'est vendu correctement, mais même pas aussi bien que "The meaning of Liff". C'était le livre dont Douglas était le plus fier. Et tous ceux que j'ai interviewé m'ont dit que c'était le livre de Douglas qu'ils préféraient. Mais les éditeurs voulaient que Douglas écrive des romans.
Je ne pense pas qu'il ait sérieusement considéré le fait d'écrire un livre sur l'athéisme - c'était juste l'une de ses très nombreuses idées. Les premières oeuvres de Douglas sont davantage préocupées par le fait d'être drôle que ses oeuvres plus tardives où il avait également le désir de faire réfléchir ses lecteurs.
NB : Douglas Adams n'avait pas du tout confiance en lui et dans son travail. C'était un homme modeste, un perfectionniste qui souffrait du syndrome de la page blanche. Et cela semble s'être empiré avec les années. Il a commencé "Le saumon du doute" il y a dix ans, et c'est devenu tour à tour un livre du cycle Dirk Gently, le sixième tome du guide galactique, et un nouveau bouquin indépendant. Comment expliquer cela?
MJS : Je ne pense pas que Douglas souffrait du syndrome de la page blanche. Ce dernier signifie que vous n'avez aucune idée - vous fixer la page (ou l'écran d'ordinateur) et vous n'avez aucune idée dans votre tête. La tête de Douglas était toujours pleine d'idées - de trop d'idées. Le problème c'est qu'il ne voulait pas écrire. Il manquait l'auto discipline nécessaire pour s'assoire à une table et écrire un livre. Vous ne pouvez guérir quelqu'un souffrant du syndrome de la page blanche en l'enfermant dans une chambre d'hôtel pendant deux semaines! (NDT : Comme l'a fait avec succès l'éditeur de Douglas pour "La vie, l'univers et le reste"). Mais ainsi, vous pouvez l'obliger à adopter la discipline nécessaire. Cela dit, je ne pense pas que le "Saumon du doute" aurait été fini un jour, même si Douglas avait survécu.
NB : Quels écrivains l'ont influencé le plus ? I a été comparé à PG Wodehouse, Lewis Caroll et Vonnegut. Il avait une grande admiration avec PG Wodehouse. Quelles similarités trouvez vous entre eux et Douglas ?
MJS : PG Wodehouse est très, très anglais. Comme le sont également AA Milne et Kenneth Graham que j'ai cité plus haut. Et PG Wodehouse adorait les mots. Il aimait trouver le mot exact. Voici une phrase classique de PG Wodehouse : "He twiddled a thoughtful steering wheel". Tout autre écrivain aurait écrit : "He twiddled the steering wheel thoughtfully". Cela n'aurait probablement pas beaucoup de sens en français! Vonnegut a également influencé Douglas, comme Robert Sheckley, mais il n'aimait guère les autres auteurs de SF. Une grande partie de ses influences provenaient de la comédie, comme les Monty Python.
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